<215>parlerai franchement à V. M. Ces révolutions ne m'ont pas surpris. Je n'ai pas eu l'honneur de lui faire ma cour pendant quatre semaines, que j'ai été convaincu que V. M. était destinée à faire de grandes choses. Tout le monde était alarmé de voir une guerre au commencement du règne de V. M., parce qu'on ne prévoyait pas que cette carrière serait glorieusement parcourue. V. M. a fait voir à l'Europe ses talents dans l'art militaire et dans la politique. V. M. montrera toujours à son peuple que, si elle sait être le destructeur acharné de ses ennemis, elle sait aussi être le père tendre de ses peuples. V. M. a, par cette guerre, montré qu'on ne l'attaque point impunément, et qu'elle a des troupes redoutables.

Les bâtiments croissent à vue d'œil, le poëte a presque fini son premier opéra, les danseurs sont attendus, les pauvres disparaissent des rues, on file beaucoup à la maison de travail. Le nouveau directeur, sensible au souvenir de V. M., ira soigneusement visiter la maison qui lui est confiée, quoiqu'elle soit, pour son malheur, au bout de la Wilhelmsstrasse.

J'ai l'honneur, etc.

142. A M. JORDAN.

Camp de (Brzezy).

Federicus Jordano, salut. Si je suivais mon inclination, je vous écrirais : Venez, mon cher Jordan, me tenir compagnie, et raisonner avec moi sur l'incertitude de nos connaissances et sur le néant de la vie humaine. Mais comme je suis pour règle de préférer le bien-être de mes amis à ma satisfaction particulière, je vous dirai : Mon cher Jordan, demeurez paisible citadin de Berlin, fréquentez bien Haude, donnez audience aux savants dans votre bibliothèque, achetez des livres à tous les encans, écrivez-moi lorsque vous n'avez rien de mieux à faire. Je suis sûr d'être obéi en vous parlant sur ce ton, au lieu que tout ce que je pour-