<214>ment compté de ce nombre. C'est une comète qui traverse cette orbite, et qui, dans sa direction, suit un cours différent de toutes les autres planètes.

J'attends de tes nouvelles avec impatience, mais écris-moi force bâtiments, meubles et danseurs. Cela me récrée et me délasse de mes occupations, qui, pour être toutes importantes, deviennent difficiles et sérieuses. Je lis ce que je puis, et je t'assure que dans ma tente je suis autant philosophe que Sénèque, ou plus encore.

Quand nous verrons-nous sous ces beaux et paisibles hêtres de Remusberg, ou sous les superbes tilleuls de Charlottenbourg? Quand pourrons-nous raisonner à notre aise sur le ridicule des humains et sur le néant de notre condition? J'attends ces heureux moments avec bien de l'impatience, d'autant plus que, pour avoir essayé de tout dans le monde, on en revient pour l'ordinaire au meilleur.

Adieu, cher Jordan; n'oublie point ton ami, et conserve-moi dans ton cœur avec toute la fidélité qu'Oreste devait à Pylade.

141. DE M. JORDAN.



Sire,

On est impatient de voir l'effet que la dernière victoire aura produit. La Gazette de Leyde marquait que cette nouvelle avait causé de la consternation dans l'esprit du peuple anglais. On cherche en Hollande à se persuader que cette bataille n'est point décisive. On dit, avec tout cela, qu'il y a un peu de mésintelligence entre la Hollande et l'Angleterre. On ne comprend point les raisons du cantonnement. Voilà des nouvelles échappées par hasard de la bouche des maîtres politiques, qui souvent sont aussi silencieux que l'étaient autrefois les disciples de Pythagore.

Les réflexions que fait V. M. sur les révolutions qu'un seul homme peut occasionner sont également justes et ingénieuses. Je