<210>Par le conseil de l'Éminence,
En diminuant sa dépense
Louis croit soulager nos maux.
Conseils indécents et profanes!
Ah! Sire, gardez vos chevaux,
Mais défaites-vous de vos ânes.
Que, comme un vrai foudre de guerre,
Broglio soit armé du tonnerre,
On en est surpris, et comment
Radote-t-on sous la calotte?
Non, il ne va précisément
Que pour rechercher sa culotte.
J'ai l'honneur d'être, etc.

137. DU MÊME.

Berlin, 26 mai 1742.



Sire,

On attend ici avec une très-grande impatience l'arrivée d'un second courrier qui nous donne un détail circonstancié de la bataille; l'on est même extrêmement curieux d'apprendre quelle a été l'issue de la poursuite des ennemis. On regarde cette bataille comme décisive, et elle est d'autant plus glorieuse à V. M., que ni la France ni la Saxe n'y ont part. Les seuls Prussiens ont jusqu'ici soutenu avec gloire tout le poids de la guerre, et ils ont conduit les choses au point où elles sont présentement. Si la paix se fait, c'est à V. M. seule que l'Europe en est redevable. Pendant que V. M. gagne des batailles, on chansonne en France, on danse à Moscou, on peste à Londres, et on calcule en Hollande.

Il passe ici tous les jours des comédiens, des musiciens, des artistes, des peintres, qui vont à Moscou. Les artistes vont voir Knobelsdorff.a Le fameux Valeriani lui a rendu visite, et a été extrêmement content des dessins qu'il lui a montrés de l'Opéra, etc.


a Voyez t. VII, p. 40.