<18>respect et d'admiration qui me l'ont dictée, et avec lesquels je suis, etc.

P. S. Rousseau est retourné faire de mauvaises odes à Bruxelles. Je prie V. A. R. de m'écrire toujours par M. Plötz.

8. A LA MARQUISE DU CHATELET.

Berlin, 27 janvier 1739.



Madame,

Je suis extrêmement fâché, tant pour l'amour de votre repos que pour celui du digne Voltaire, de ce que Desfontaines et Rousseau ne se lassent jamais de blasphémer contre l'Apollon de la France. J'ai fait écrire à Thieriot que je voulais avoir ce libelle, quelque affreux qu'il pût être; mais il ne me l'a pas envoyé encore. Lorsqu'on s'intéresse autant à quelqu'un que je le fais à M. de Voltaire, tout ce qui peut le regarder, d'une manière relative ou directe, devient intéressant; et quelque répugnance que j'aie à lire ces écrits qui sont l'opprobre de l'humanité et la honte des lettres, je me suis néanmoins imposé cette pénitence, afin d'être instruit des faits qui attirent ordinairement des suites après eux, et qui tiennent à une infinité de particularités et d'anecdotes. Thieriot m'a envoyé la copie de la lettre qu'il vous a adressée. Autant que j'en puis juger, Thieriot n'est point malicieux; mais, s'il biaise, ce n'est que par faiblesse et par timidité. Vous verrez, par la copie de ce que je lui ai fait écrire, que je lui ai fait sentir quels sont les devoirs d'un honnête homme, et que la probité et la reconnaissance sont des vertus si indispensables, que, sans elles, les hommes seraient pires que les monstres les plus affreux. Thieriot s'amendera, madame; il ne fallait que lui montrer ses devoirs et lui inspirer des sentiments. Vous n'avez à Cirey devant vos yeux que des vertus héroïques. Mais souvenez-vous que tout le monde n'est pas héros, et que le pauvre Thieriot ne peut être