<127>le lit, et que les Grâces occupent le fauteuil. Je me donne au maître du Styx, si V. M, exige de moi des vers.

Jamais je n'ai fait de bons vers,
A peine sais-je écrire en prose,
Et tenter impossible chose,
C'est avoir l'esprit à l'envers.

Elle est impossible pour moi; je me contente d'avoir assez de connaissances pour goûter le plaisir des vers et pour envier le bonheur de ceux qui en font de bons.

La maladie de la satire, que V. M. veut bien m'imputer, est de toutes les maladies de l'esprit, si c'en est une, celle que je crains le plus; elle l'est à coup sûr dans un particulier.

Qui oserait avoir le cœur
De se livrer à la satire?
L'art séduisant de médire
N'est bon que pour un grand seigneur.

Je ne demanderai pas ce talent au bon Dieu; mais je lui demanderai le talent de la patience, lorsque l'on est attaqué par plus fort que soi.

V. M. me fait toujours le reproche de ma mauvaise humeur. Oserais-je dire qu'à cet égard V. M. est semblable à ce médecin qui souhaitait à son malade la fièvre, afin d'avoir le plaisir de la lui guérir? Vous pouvez me guérir, Sire, en m'ordonnant d'aller au camp pour me mettre à vos pieds et vous assurer du respect profond avec lequel j'ai l'honneur d'être, etc.

77. DU MÊME.

Breslau, 30 août 1741.



Sire,

Robinsona arriva hier. Il surprit par son arrivée les grands et les petits de la ville; les idées de paix se réveillent. Ce qui me charme, c'est que tout cela contribue à la gloire de V. M.


a Voyez t. II, p. 93-95.