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69. A M. JORDAN.

(Camp de Strehlen, 18 juin 1741.)

Est-il permis de m'écrire religion pour me persuader de vous laisser aller à Berlin? Ne devez-vous pas mourir de honte de votre impatience enfantine pour partir? Vous viendrez ici, s'il vous plaît, pour en faire amende honorable en plein champ, et vous me fléchirez plutôt par la pitié que me fera votre poltronnerie que par l'attachement que vous avez pour messire Jean Calvin. Mes vers ne seront pas de votre goût assurément, parce qu'ils sont hardis et vrais; mais je m'en console, parce que j'en suis content, et que vous pouvez les conserver comme étant ma confession de foi.

Mandez-moi, je vous prie, s'il est vrai que la paix est conclue, si les troupes prussiennes resteront ici, ou si l'on parle de bataille; en un mot, bavardez un peu.

70. DE M. JORDAN.

Breslau, 19 juin 1741.



Sire,

J'ai honte d'accabler Votre Majesté par la fréquence de mes lettres et de mes vers, qui doivent paraître à vos yeux ce que paraît un portrait de barbouilleur aux yeux de Pesne.a

Ce n'est que mon oisiveté
Qui produit tout ce bavardage,
Et c'est trop de témérité
Que de rimer à mon âge.

Ce qui me passe, c'est la bonté des vers que V. M. compose dans un temps où elle se promène par toute la Silésie avec son armée, et y porte la terreur.


a Voyez t. XIV, p. IV et 34.