114. DE M. DE SUHM.

Varsovie, 12 octobre 1740.



Sire,

Après une très-gracieuse réponse dont Votre Majesté m'a honoré de Wésel, je viens d'en recevoir deux autres de Potsdam et de Charlottenbourg, qui ont bien diminué la joie que m'avait donnée la première, et je n'ai repris un peu de tranquillité que sur ce qu'on m'assure que la fièvre quarte n'est point dangereuse, et qu'on ne l'attribue qu'aux grandes fatigues de V. M. en faisant tout de suite la visite de ses vastes États. Je ne sais que trop combien de rudes voyages mettent le feu dans le corps, et, tandis <401>que ma cure de lait me laisse déjà reprendre des forces suffisantes pour agir, il faut que je me voie réduit tristement à la seule situation d'être couché. Un habile chirurgien m'a promis du soulagement dans quelques jours; mais je crains bien, grand roi, que, fatigué de mes plaintes et longueurs, V. M. ne me dise de voyager à mon aise, et d'arriver quand je pourrai, pendant que je voudrais, aux dépens de la moitié de ma vie, être à même de me mettre avec l'autre à vos pieds.

Je suis avec la soumission la plus respectueuse,



Sire,

de Votre Majesté
etc.