24. AU MÊME.

Berlin, 25 août 1738.



Mon cher Camas.

Vous voilà quitte envers moi des prunes, et me voilà au fait de la reine Claude et de toute sa famille. Je vous en ai toute l'obli<152>gation, et je fais des vœux au ciel en faveur de la maladresse de vos domestiques, pour que vous ayez promptement besoin de la verrerie. C'est le seul moyen que le ciel jaloux me laisse pour me revancher envers vous. Notre voyage est fini, grâce à Dieu; nous avons vu le paradis terrestre habité par les animaux qui y furent créés; quant aux hommes raisonnables, nous n'en avons peu ou point vu. La diversité de ce voyage en a fait l'agrément, et Brunswic n'a pas peu contribué à me le rendre agréable. Je vous épargne le détail de tout ce que nous avons vu et de ce qui nous est arrivé, m'imaginant bien que vous en serez instruit par une bouche plus éloquente que la mienne.

Je compte dans huit jours d'être auprès de mon régiment et de me reposer de mes travaux. Si je puis vous être de quelque utilité dans ces cantons, je vous prie de m'en avertir. L'Électeur palatin et le cardinal par excellence baissent terriblement tous les deux. On ne croit pas que le premier passe la chute des feuilles, grande et bonne nouvelle pour nous. J'espère de vous voir le printemps prochain sur les prairies du Rhin, de manœuvrer auprès de Düsseldorf au lieu de Berlin, et de nous charger de lauriers au prix de notre sang, au lieu de ces vaines louanges qu'on prodigue aux dépenses que nous faisons pour posséder quelques grands corps. Je suis avec une très-parfaite estime,



Mon cher Camas,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.

Mandez-moi un peu si la Wr. .165-a n'a point reçu de réponse de Voltaire; je serais curieux de la voir.


165-a Madame de Wreech peut-être. Voyez ci-dessus, p. 7 et suivantes, et p. 161 et 162.