<71>de recevoir des perdrix du Roi. J'espère qu'il n'ajoutera pas foi à tous les discours que l'on répand sur moi.

24. AU MÊME.

Ruppin, 27 octobre 1732.



Monseigneur mon très-cher ami,

J'ai reçu avec bien du plaisir celle que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire, et je reconnais de plus en plus à chaque jour comme vous êtes de mes amis. L'affaire qui à présent me tient le plus à cœur est de faire cesser tous ces mauvais discours dont je suis toujours le sujet. Dieu est mon témoin que je n'ai jamais lu Spinoza, et que je ne l'ai pas, preuve de la fausseté des choses que l'on débite sur mon sujet; et je vous assure que, à les examiner toutes, l'une ne céderait en rien en fausseté à l'autre. Je me sens en cela la conscience si bonne, que je n'ai rien à me reprocher; mais j'avoue que, malgré tout cela, de pareils discours me sont extrêmement sensibles. Je risque tout, si le moindre de ces bruits parvient devant les oreilles du Roi, qui, bien loin d'examiner si les choses sont ainsi, ou non, prendra facilement l'affirmative.

J'ai reçu l'ordre de me rendre le 29 au soir à Wusterhausen. Je crois que le duc de Bevern y viendra. Je vous prie de vouloir bien parler à Wolden, qui sait tout ce qui se passe chez moi, et qui peut vous dire ce qui en est. La chasse de Landsberg est encore à moi; ainsi vous pouvez en jouir, comme de tout ce qui m'appartient, et vous me ferez un véritable plaisir de vouloir vous en servir souvent. Je vous prie, mon cher ami, de m'assister pour me tirer de tous ces mauvais discours; je vous en aurai des obligations jusqu'à ma mort, et je ne cesserai d'être, avec beaucoup d'estime,

Tout à vous,
Frederic.