<408>Puissant a trouvé bon de retirer de ce monde, ce matin 18 mai, U.-E.-P. de Suhm, mon mari, qui, par une faveur du ciel et de V. M., desservait depuis vingt-cinq ans l'office de maître des postes à Dessau. Quelques jours avant sa mort, il a adressé une lettre à V. M. pour lui recommander très-humblement nos trois enfants, et la supplier de les prendre sous sa puissante protection. Si les larmes d'une veuve éplorée peuvent ajouter quelque poids aux derniers vœux d'un père mourant, permettez, Sire, que j'en arrose vos genoux, et que je joigne mon ardente prière à la sienne.

Vivant dans la douce espérance que V. M. daignera exaucer notre prière commune, je mourrai, Sire, avec les sentiments du plus profond respect et de la plus vive reconnaissance,

Votre très-soumise et très-respectueuse servante,
Veuve de Suhm, née Bonafos.

A LA VEUVE DE SUHM, A DESSAU.

Berlin, 21 mai 1785.

La nouvelle de la mort de votre mari, maître des postes à Dessau, m'a fait beaucoup de peine. La dernière lettre que je lui ai adressée, il n'y a guère longtemps, sur son lit de mort, vous en aura déjà prévenue. Je l'estimais pour son mérite, ainsi que pour les services qu'il m'a rendus tant dans le militaire que dans le civil, et je prends par cela même une part bien sincère à sa perte. Vos fils, s'ils marchent sur les traces de leur père, auront, en temps et heu, part à ma bienveillance et protection. Et pour vous, je vous souhaite toutes les consolations nécessaires dans votre juste douleur, priant, sur ce, Dieu qu'il vous ait en sa sainle et digne garde.

Federic.