<343>avoir été pendant un temps infini l'idole de la fortune, il devient la proie de ses ennemis dans la décrépitude. On l'accuse de choses horribles et toutefois vraisemblables, puisqu'elles ont beaucoup de rapport avec son caractère : on l'accuse d'avoir laissé manquer de tout l'armée impériale pour assouvir son avarice sordide; il n'y a pas d'exactions qu'on ne lui impute; ses ennemis rejettent sur lui le mauvais succès de la dernière campagne, et la prêtraille anime tous les dévots contre lui à cause de la religion. Après tout, il me fait pitié. Il est vrai qu'une prospérité continuelle avait rendu Seckendorff d'une hauteur insupportable; il est vrai que tous les chagrins qu'il m'a causés méritaient rétribution; il se peut que les accusations qu'on vient de lui intenter soient bien fondées : mais cela n'empêche pas qu'il n'ait des talents excellents pour la guerre, et qu'il ne soit en état, plus que qui que ce soit, de rendre des services signalés à l'Empereur. Je crois qu'on sera dans peu informé de son sort.

Voilà tout ce que je puis vous apprendre de plus intéressant. Pour ce qui me regarde, j'étudie de toutes mes forces, je fais tout ce que je puis pour acquérir les connaissances qui me sont nécessaires pour m'acquitter dignement de toutes les choses qui peuvent devenir de mon ressort; enfin, je travaille à me rendre meilleur et à me remplir l'esprit de tout ce que l'antiquité et les temps modernes nous fournissent de plus illustres exemples. Je vous prie, mon cher Diaphane, donnez-moi bientôt de vos nouvelles, et soyez sûr que personne ne peut vous aimer davantage que,



Mon cher Diaphane,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.