<295>la satisfaction de vous voir, de m'entretenir avec vous, et de vous assurer de vive voix de la parfaite et sincère estime avec laquelle je suis à jamais,



Mon cher Diaphane,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.

35. DE M. DE SUHM.

Dresde, 29 octobre 1736.



Monseigneur

Quelque démon fatal à mon repos, empêchant mes paquets de vous parvenir, semble avoir pris à tâche de me tourmenter par la crainte que V. A. R. ne me soupçonne de quelque refroidissement dans mon zèle à la servir, soupçon qui m'affligerait assurément plus que quoi qui pût m'arriver au monde, sentant bien que je ne l'ai nullement mérité, et que je ne le mériterai jamais. Dans l'instant même, l'on me mande de Berlin que mon avant-dernier paquet est encore demeuré en arrière; mais j'ai découvert la cause de ces retards, et y ai aussitôt porté remède par les mesures dont V. A. R. aura été instruite à la réception du dernier, qui aura, j'espère, accompagné les trois précédents.

Ma vie est très-languissante depuis que je me sens de toute façon éloigné de V. A. R. Elle m'a accoutumé à recevoir de temps en temps quelques mots de souvenir de sa part, et quels mots! tous dignes d'être gravés dans le cœur d'un honnête homme aussi profondément qu'ils le sont dans le mien. Une si douce habitude ne se perd pas sans violence; aussi gémis-je de me voir depuis si longtemps privé de la seule consolation qui me reste dans ma triste situation.

J'ai beau me voir vers la fin de la Métaphysique, je n'y trouve rien qui puisse me calmer sur ce sujet. Vous seul, monseigneur, avez plus de pouvoir sur ma tranquillité que toute la philoso-