<293>personne pour ne pas aimer à s'épancher sans cesse en louanges sur ses belles qualités, d'un cœur trop ingénu pour pouvoir cacher ce qu'il sent, et trop sincère pour afficher ce qu'il ne sent pas. Oui, je m'interdirais même, si vous l'ordonniez, tout langage pour vous complaire.

Il était fort heureux pour M. des Champs qu'il écrivît pour le public; car, n'étant point ainsi obligé de savoir ce qui pouvait plaire ou déplaire à V. A. R., il a eu un beau champ à s'étendre sur l'éloge d'un prince dont il avait à louer le caractère. En vérité, il m'a fait naître une envie démesurée de devenir auteur, afin de pouvoir une bonne fois, à l'abri des droits que me donnerait ce titre, m'épancher tout librement sur un sujet dont mon cœur est si plein, et en dire à mon aise tout ce que j'en pense. Je n'ai garde cependant de m'imaginer que ma traduction me donne jamais ce privilége, quelques corrections qu'on y fît, à moins que de tout refondre.

Je sais très-bon gré à M. des Champs de s'être étendu dans sa préface sur les difficultés qu'il y a en général à traduire de l'allemand en français, et en particulier de celles d'une traduction de la Métaphysique de Wolff. Si donc V. A. R. a déjà jeté les yeux sur cette préface, elle aura eu occasion de se persuader que, en me chargeant de cette traduction, j'avais sans hésiter entrepris l'impossible pour lui obéir. Mais je mourrai, monseigneur, dans cette disposition, et, partout où mes forces ne pourront atteindre, vous connaîtrez du moins le zèle ardent et le dévouement entier et parfait avec lequel je suis très-respectueusement et pour toute la vie, etc.

34. A M. DE SUHM.

Remusberg, 7 novembre 1736.



Mon cher Diaphane,

Vous n'avez pas lieu de vous excuser d'une inexactitude à me faire tenir vos lettres, à laquelle certainement vous n'aviez aucune