<157>gieux dans les sciences; c'est l'huile qui fait vivre ces sortes de conversations. Ce qui peut en quelque façon soulager un orateur d'un pareil parlement, c'est que la matière du discours n'est point limitée, et que l'auditoire ne s'offense point des redites. Avec cela, le théâtre de la guerre du Brabant peut être regardé comme un Potose; c'est une mine d'or, elle rend toujours.

Adieu, mon cher Camas; ne pensez point à moi dans les tabagies, et ne vous souvenez de votre ami que quand vous verrez briller de certains pâtés qui se distinguent par leur volume, vous assurant que je serai toujours inviolablement votre très-fidèle ami,

Federic.

28. AU MÊME.

Berlin, 9 décembre 1738.



Mon cher Camas,

J'espère bien que vous aurez pris pour un badinage les reproches que je vous ai faits touchant votre silence. Je m'en suis pourtant bien trouvé, puisqu'ils m'ont valu une belle et bonne lettre de votre part. Je comprends très-bien que l'endroit où vous vous êtes trouvé n'était guère propre pour la correspondance, et que votre silence avait cent mille raisons, dont la disette des nouvelles était la moindre. Je me trouve à Berlin depuis trois jours. La ville a considérablement augmenté à raison des masses de pierres; quant à la société et au beau monde, je le passe sous silence. Qu'il vous suffise de savoir que l'absence de M. et de madame de Camas est une brèche qu'on s'est aussi peu avisé de réparer que celle de Belgrad avant cette campagne. J'entends tous les jours parler des plaisirs de Berlin; mais, autant que j'ai pu y comprendre, il en sera comme de la lance de Patrocle;a vous savez qu'elle avait le don de blesser et de guérir, ce qui veut dire, pour quitter la métaphore, c'est qu'il n'y a qu'à connaître les plaisirs de Berlin pour en perdre le goût.


a Ou plutôt d'Achille. Voyez t. VI, p. 81.