<154>dise mon sentiment, c'est qu'il est un peu trop vague. Vous dites bien que les soldats doivent bien porter les armes, bien marcher; mais vous n'enseignez pas la règle à l'officier, selon laquelle il doit corriger le fantassin. Je prends la liberté de vous envoyer un formulaire que j'ai donné l'année passée à chaque compagnie, et que j'ai renouvelé avec quelque augmentation cette année-ci. Il y a beaucoup de choses qui n'y sont point, comme les recrues, à cause que je les fais moi-même, et les souliers, à cause que les compagnies en ont déjà le modèle.

Voilà, mon cher Camas, en gros, ce que j'avais à répondre à votre lettre. Si vous ne vous payez pas de mes raisons, je vous prierai de me dire ce qui ne vous paraît pas suffisant. Je compte de voir mercredi madame de Camas à Berlin. Adieu, mon cher Camas; conservez-moi toujours votre précieuse amitié, et soyez sur que je suis avec une estime distinguée votre très-fidèlement affectionné ami,

Federic.

26. AU MÊME.

14 octobre 1738.



Mon cher Camas,

J'ai été fort sensible à votre souvenir. La lettre que vous m'avez écrite a été bien gueusée de mon côté; mais à cela ne tienne; d'un mauvais payeur il faut prendre ce que l'on peut. Je ne sais pas trop, à dire la vérité, quel temps il fait ici. La sphère de mon activité ne s'étend que de mon foyer à ma bibliothèque : le voyage n'est pas grand, et on n'a point le temps de se ressentir en chemin de l'intempérie de la saison. Quant à la chasse, il y a ici toute une coterie qui chasse pour moi, et j'étudie pour eux; chacun y trouve son compte, et personne n'est empêché dans ses divertissements. Nous politiquons peu, parlons moins, et pensons beaucoup. Il ne s'agit ici ni de l'empereur grec, turc, ou chrétien; il s'agit du contentement de l'esprit et d'une tranquillité d'âme que