<123>Vous trouverez peut-être des endroits dans cette ode qui ne vous paraîtront pas conformes à la confession d'Augsbourg; mais j'espère bien, monsieur, que vous croirez que l'on n'a pas besoin de Luther et de Calvin pour aimer Dieu.

Je suis avec beaucoup d'estime,



Monsieur,

Votre très-affectionné
Frederic.

3. DE M. DE BEAUSOBRE.

Berlin, 1er octobre 1737.



Monseigneur

Ce n'est pas sans quelque répugnance que je cède aux instances réitérées d'un de mes neveux, qui tâche de relever notre famille du terrible abattement où elle est tombée à cause de la religion. Mon neveu, monseigneur, est un jeune homme de trente ans, né et élevé dans les armes par feu M. de Beausobre son père, mort colonel au service de France. Son père le laissa lorsqu'il n'était encore qu'enseigne, mais sa capacité dans le service l'a élevé en peu de temps au grade de major où il est parvenu.

Son ambition est d'être décoré de quelque ordre militaire, et comme il ne saurait l'être en France, où sa religion l'en exclut, il s'est tourné de ce côté-ci. Il me prie d'intercéder pour lui auprès de V. A. R., afin d'obtenir l'ordre de Malte, dont Monseigneur le margrave Charles est grand maître dans les États de Sa Majesté. Les deux actes ci-joints font voir d'où il descend, et comme il est reconnu par la cour de France et par les magistrats de sa patrie pour être sorti de l'ancienne maison de Beaux, très-puissante autrefois en Provence, et dont Arnaud de Beausobre, mon bisaïeul, transporta la famille en Suisse.

Je ne doute point, monseigneur, de la généreuse bienveillance de V. A. R. Portée par le plus excellent et le plus beau naturel du monde à faire du bien, j'ose espérer de sa bonté tout ce qui conviendra à sa dignité et à sa prudence.