<115>tiels, j'entends la douceur. MM. de Trévouxa et les théologiens de cette communion, accoutumés à établir leurs dogmes par la violence, ne savent les soutenir qu'en couvrant d'injures ceux qui osent les contredire.

Je suis avec bien de l'estime,



Monseigneur

Votre très-affectionné
Frederic.

2. AU MÊME.

Rheinsberg, 8 juin 1736.



Monseigneur

Si quelqu'un fut jamais surpris, c'était moi à la lecture de votre lettre, où, par un hasard inopiné, je me vis érigé en censeur et en critique. Jamais, monsieur, je n'ai eu l'ambition de l'être; et si pareille pensée me fût venue, la connaissance que j'ai de l'infériorité de mes forces l'aurait bientôt supprimée.

Un censeur et un critique judicieux doit être un homme qui à beaucoup de bon sens et de lumières joigne une érudition complète, et qui, distinguant parfaitement le vrai du faux, le meilleur du bon, et la véritable valeur des choses du brillant éblouissant d'un clinquant fastueux, ne sache pas seulement corriger des fautes et relever des défauts; mais principalement il est de l'essence d'un bon critique qu'il sache enseigner le véritable chemin à ceux qui l'ont manqué, et c'est ce que j'ignore; non pas que je pense en aucune manière que vous ayez besoin d'être critiqué et redressé; en cela je distingue très-bien votre modestie, qualité qui vous attirera dans tous les siècles et de tous les êtres pensants une approbation générale; c'est elle qui vous fait dire que vous en avez besoin. Il est d'une grande âme de reconnaître que l'on


a Mémoires pour l'histoire des sciences et des beaux-arts, recueillis par l'ordre de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le prince souverain de Dombes. A Trévoux, 1701-1731 (mars). A Lyon et Paris, 1731 (mai) - 1733. A Paris, 1734-1767, in-12.