<56>tique des Cantiques. Dès que les deux cavaliers paraissent, voilà la jeune épouse sauvée. Dès que le Messie vient au monde, voilà le diable enchaîné d'éternelles chaînes, voilà la religion chrétienne, toujours militante et toujours triomphante, qui s'établit, et l'ouvrage de notre salut qui s'achève. Mais continuons notre paraphrase. « L'épouse de défunt Barbe-bleue achète une compagnie pour son frère. » Quelle compagnie, si ce n'est le troupeau des fidèles que l'Église contient dans son sein; de ces vrais soldats du Christ, prêts à combattre et à mourir pour la propagation de la vraie foi; de ces soldats prêts à exterminer par le glaive ce nombre d'hérétiques ou plutôt de damnés qui, révoltés contre leur sainte mère, déchirent ses entrailles? Cette compagnie, dans un sens encore plus mystiquement sublime, fait allusion au glaive donné à notre saint-père le pape pour venger la cause de Dieu et exterminer ses ennemis. Continuons encore. « La veuve de Barbe-bleue, ou, pour mieux dire, de Belzébuth, se remarie ensuite à un fort honnête homme. » C'est le pape qu'elle épouse. Comme on sait, l'Église est mariée au pape, qui est le vicaire de Jésus-Christ. Que vienne à présent un Luther, un Calvin, un Socin ou quelque hérétique de leur espèce, tous vrais excréments de l'enfer; qu'on y ajoute un vil ramas de non-conformistes, avec l'infâme séquelle de philosophes aussi abominables qu'eux : quel moyen leur reste-t-il maintenant pour se révolter contre la suprématie de notre saint-père le pape, ou pour attaquer encore les dogmes de la foi catholique, apostolique et romaine? En vain voudraient-ils exalter leur âme, nous rirons de leurs efforts impuissants, et nous les réduirons au silence, dès que nous leur exposerons en détail l'accomplissement merveilleux des prophéties de l'auteur de Barbe-bleue. On leur prouvera, à leur dam, que la veuve de Belzébuth épousa le saint-père, c'est-à-dire, que l'Église, après avoir abjuré l'ancienne idolâtrie, est devenue l'épouse de Jésus-Christ. Le pape est son vicaire ici-bas, donc l'Église est l'épouse du pape. Dans le premier mariage de la femme de Barbe-bleue, tout était mondain; dans le second, tout était spirituel. Dans le premier, c'était l'abandon à des passions effrénées et à des plaisirs charnels; dans le second, la contrition, la repentance et la grâce la purifiaient. Là, c'étaient des banquets