<24>Fournissant à ma carrière,
J'attends avec une âme fière
Le coup de ciseau d'Atropos.
Malheur à l'esclave imbécile
Qui ne saurait quitter la ville,
Qu'une chaîne attache à la cour,
Ou par devoir, ou par amour!
Il éprouve que la fortune,
Aussi changeante que la lune,
Élève et rabaisse souvent
Ses favoris, ses courtisans.
Il est souvent le sacrifice
D'un soupçon léger, d'un caprice;
Son ennemi, toujours actif,
L'accable par son artifice,
Et de son bonheur fugitif
Dresse un trophée à sa malice;
Et si, par un rare bonheur,
Il ne succombe sous la brigue,
Bientôt l'ambitieuse erreur,
Le remplissant de sa fureur,
Par le dédale de l'intrigue
L'égare, et creuse son malheur.
Des cours le mal épidémique,
L'intérêt vil, la politique
Le force souvent à demi
De renoncer à tout ami;
Et leur morale sophistique
Le fait ramper, lâche et soumis,
Aux pieds d'un superbe ennemi.
Toujours rempli d'inquiétude,
Ombrageux au moindre danger,
Il fait sa principale étude
De s'agrandir, de se venger.
L'humble respect, la bienséance,
Sont les dieux qui lui font la loi;
L'ennui qui bâille, et la prudence,