<134>Qu'autant qu'elle est charmante et belle,
Elle soit, s'il se peut, aussi tendre et fidèle;
Que ni l'absence ni le temps
Ne puissent altérer, par d'affreux contre-temps,
De nos chastes amours la flamme mutuelle,
Comme votre beauté, digne d'être immortelle.
Qu'elle connaisse bien le cœur
De certain Suisse qui l'adore,
Passant les jours, les nuits à compter chaque aurore
Qui diffère encor son bonheur.
Puissiez-vous, ô Vénus! acceptant mon hommage,
Bénir le beau feu qui l'engage
A former ce nœud solennel!
Et puisse-t-elle enfin, dans cette union sainte,
En n'éprouvant jamais de la lune d'absinthe,
Y trouver la lune de miel!

(Péterswaldau, septembre 1762.)

XI. ÉPITRE A LA BELLE-MÈRE.

Que d'encens, de reconnaissance
Ne dois-je point à tous vos soins,
A vous, qui donnâtes naissance
A l'adorable objet de ma douce espérance!
Ses grâces, ses appas au mérite sont joints;
Et l'on ne sait si l'on préfère
L'éclat touchant de sa beauté
Aux divines vertus qui font son caractère,
Ou bien si son esprit et sa docilité
Ne l'emporteraient pas par leur solidité
Sur cette beauté passagère