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XXVII. RÉPONSE AU SIEUR VOLTAIRE.

Croyez que si j'étais Voltaire,
Particulier aujourd'hui,
Me contentant du nécessaire,
Je verrais envoler la fortune légère,
Et m'en moquerais comme lui.
Je connais l'abus des richesses,
Je connais l'ennui des grandeurs,
Le fardeau des devoirs, le jargon des flatteurs,
Et tout l'amas des petitesses,
Et leurs genres, et leurs espèces,
Dont il faut s'occuper dans le sein des honneurs.
Je méprise la vaine gloire,
Quoique poëte et souverain.
Quand du ciseau fatal retranchant mon destin,
Atropos m'aura vu plongé dans la nuit noire,
Qu'importe l'honneur incertain
De vivre, après ma mort, au temple de Mémoire?
Un instant de bonheur vaut mille ans dans l'histoire.
Nos destins sont-ils donc si beaux?
Le doux plaisir et la mollesse,
La vive et naïve allégresse,