<97>Qui, s'il leur plaît, n'en tâtront guère,
Car jeune Suisse en sa vigueur
Vaut mieux que prince octogénaire.
Mais pour vous, gardez-vous-en bien,
De vieillir dans ce beau lien;
Et comme en Suisse on vous marie,
De votre nouvelle patrie
Il est temps de savoir les lois.
Sachez donc qu'aux beautés aimables
Qui, par leurs charmes adorables,
Subjuguent et bergers et rois
Nos Suisses galants et affables
Ont constaté les plus beaux droits.
Tout lourds et grossiers que nous sommes,
Il n'est point, parmi tous les hommes
Des pantins ou Topinamboux,
En fait de preuves de tendresse,
En fait de fidèles époux,
Exceptez-en la politesse,
De plus parfaits maris que nous.
Mais lorsqu'une femme ou maîtresse
Sent de la caduque vieillesse
Sur elle appesantir les coups,
Alors, pour comble, sa tristesse
N'a d'hommages que nos dégoûts.
Des yeux rouges, comprenez-vous?
Peau tannée et gorge flétrie,
Cheveux grisons, branlantes dents,
Dos convexe et genoux tremblants,
Sont des meubles de friperie
Qui ne trouvent plus de chalands
Dans toute notre Suisserie.
Eussiez-vous cent fois plus d'appas
Que Vénus n'en eut en sa vie,
Que l'amante de Ménélas,
Ou la bonne dame Marie,
Ah! ce qui n'est plus, on l'oublie,