<52>C'est là que vous êtes sans cesse;
Mais de chez eux serait exclus
Quiconque nommerait l'espèce
De nos bons professeurs en us.
Quittez ces divins sanctuaires
Et d'Uranie et de Clio;
Suivez mes avis salutaires,
Allez retrouver vos corsaires
Dans votre port de Saint-Malo.
C'est là que mon esprit sans crainte
Et sans alarmes vous saura;
Je n'appréhende point l'empreinte
Que sur votre cerveau fera
L'éloquence grossière et plate
Et l'atticisme d'un pirate,
Fût-il le fils du Gay-Trouin,a
Demi-homme, demi-marsouin;
Car mon amour-propre se flatte
Que Saint-Malo devant Berlin
Baisse le pavillon à plein.
Quand de la mer hyperborée
L'astre étincelant des saisons
Aura fondu tous les glaçons;
Qu'ici la nature parée,
Et d'éclatants rayons dorée,
Poussera feuilles et boutons;
Que le printemps de sa livrée
Décorera tous ces cantons :
Alors cet astre secourable,
Dans une saison favorable,
Protégera votre retour.
L'Académie inconsolable,
Dès l'aurore de ce beau jour,
Quittant ces noires élégies,


a René Du Gay-Trouin, l'un des plus grands hommes de la marine française, s'éleva du rang de simple matelot au grade de chef d'escadre. Il était né en 1673 à Saint-Malo (ville natale de Maupertuis), et mourut en 1736.