<49>Quand il vieillit, sa superbe sagesse
Avec dédain condamne la jeunesse,
Qui par instinct suit une aimable erreur;
L'ambition vaine
L'excite et l'entraîne
Au champ de l'honneur.

Lorsque le temps, qui jamais ne s'arrête,
De cheveux blancs a décoré sa tête,
Par sa vieillesse il se fait respecter;
L'intérêt l'amuse
D'un bien qui l'abuse,
Et qu'il faut quitter.

Toi, dont les arts filent la destinée,
Dont la raison et la mémoire ornée
Font admirer tant de divers talents,
Se peut-il, Voltaire,
Qu'avec l'art de plaire
Tu craignes le temps?

Sur tes vertus ce temps n'a point de prise,
Un bel esprit nous charme à barbe grise;
Lorsque ton corps chemine à son déclin,
Le dieu du Permesse
Te remplit sans cesse
De son feu divin.

Je vois briller la beauté rajeunie
Des premiers ans de ce vaste génie,
Et c'est ainsi que l'astre des saisons
Des bras d'Amphitrite
Lance aux lieux qu'il quitte
Ses plus doux rayons.