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L'ART DE LA GUERRE.+ CHANT Ier.

Vous qui tiendrez un jour, par le droit de naissance,
Le sceptre de nos rois, leur glaive et leur balance.
Pour défendre et juger a ce florissant État,
Recevez les leçons d'un généreuxb soldat
Qui, nourri dans les camps par le dieu de la guerre,c
Va vous enseigner l'art de lancer son tonnerre.c
Ces armes, ces chevaux, ces soldats, ces canons
Ne soutiennent pas seuls l'honneur des nations;
Apprenez leur usage, et par quelles maximes
Un guerrier peut atteindre à des exploits sublimes.
Que ma muse en ces vers vous trace les tableaux

Vous qui tiendrez un jour, par le droit de naissance,
Le sceptre de nos rois, leur glaive et leur balance,
Vous, le sang des héros, vous, l'espoir de l'État,
Jeune prince, écoutez les leçons d'un soldat
Qui, formé dans les camps, nourri dans les alarmes,
Vous appelle à la gloire et vous instruit aux armes.
Ces armes, ces chevaux, ces soldats, ces canons
Ne soutiennent pas seuls l'honneur des nations;
Apprenez leur usage, et par quelles maximes
Un guerrier peut atteindre à des exploits sublimes.
Que ma muse en ces vers vous trace les tableaux


a Juger paraît de trop : les leçons d'un soldat, l'art de lancer le tonnerre n'apprennent pas à juger.

b Généreux soldat. Toute épithète est ici superflue, et celle de généreux, si convenable à qui parlerait de V. M., ne semble pas permise quand vous parlez de vous-même.

c Le dieu de la guerre et lancer le tonnerre semblent trop vagues, trop communs; il n'y a point d'ailleurs d'art de lancer le tonnerre, et le tonnerre ne se lie pas bien avec les armes, les chevaux et les canons.
     On pourrait changer aisément cette exposition, qui doit être très-correcte et garder dans sa correction exacte une simplicité majestueuse. Peut-être on pourrait dire à peu près :
     

Vous, le sang des héros, vous, l'espoir de l'État,
Jeune prince, écoutez les leçons d'un soldat
Qui, formé dans les camps, nourri dans les alarmes,
Vous appelle à la gloire et vous instruit aux armes;

ou :
     

Vous ouvre la carrière et vous appelle aux armes.

Peut-être y aurait-il encore plus de vivacité et de force à dire :
     

Apprenez dès l'enfance à défendre l'État,
Et, noblement docile à la voix d'un soldat,
Marchez avec moi, prenez les armes, etc.

Je crois qu'en finissant cet exorde par les armes, et en commençant la période suivante par : Ces armes, ces chevaux, cette répétition est heureuse, lie les idées, et y met de l'ordre.

+ Le texte au haut de la page à droite est. dans le manuscrit, de la main d'un secrétaire du Roi : les remarques en regard sont de la main de Voltaire. Les notes indiquées dans notre édition par des astérisques ont été mises par celui-ci, ou à la marge, ou entre les lignes du texte de 1750. Pour faire voir au lecteur le parti que le Roi a tiré de cette critique, nous avons placé sa nouvelle rédaction sous l'ancien texte. Voyez l'Avertissement de l'Éditeur en tête de ce volume; voyez également ci-dessus, p. 261-265.