<259>La fatigue, à la fin, l'affaiblit et l'épuisé,
L'art peut le garantir contre toute surprise.
Il faut que de gros corps tout prêts à s'ébranler
Contiennent l'ennemi qui voudrait vous troubler,
Que des postes divers la garde vigilante
Couvre tout votre front d'une chaîne puissante.
Passages, défilés, bois, chemins importants
Se garnissent d'abord par des détachements;
Sous les ordres du chef, un prudent capitaine
Garde cette frontière, et préside à la chaîne.
Les agiles dragons, les rapides hussards
Observent l'ennemi, préviennent les hasards,
L'inquiètent sans cesse, et leur avis fidèle
De sa moindre démarche apporte la nouvelle;
Par leurs soins répétés ses desseins reconnus
Sont soudain découverts et soudain prévenus.
Quand sur tous les détails qu'exige la défense
Vous aurez consulté les lois de la prudence,
Quand vous aurez fini ces pénibles travaux,
Vous en verrez bientôt renaître de nouveaux;
Que du froid Orion l'influence sévère
Procure aux combattants une paix passagère,
Leur chef judicieux, loin de rester oisif,
Dans les bras du repos peut se montrer actif.
C'est peu dans vos quartiers d'assurer votre armée,
De la tenir en ordre, à la gloire animée;
Il vous faut remplacer ces soldats généreux
Que la mort a ravis à vos drapeaux heureux.
La victoire a coûté; ces ombres immortelles
Veulent des successeurs et des cœurs dignes d'elles;
Dans de nouveaux soldats cherchez un prompt secours.
Le vulgaire imbécile à vil prix vend ses jours;
Ainsi que le poisson de nourriture avide
Est pris par le pêcheur à l'hameçon perfide,
De même, par l'appât d'un métal suborneur,
On tire de son champ l'indigent laboureur;
Du roi qu'il va servir il ignore l'outrage,