<257>Tels qu'on peint de l'enfer les tourments et les feux,
Ce théâtre d'horreur, ces gouffres ténébreux
Où du plus faible espoir les sources sont taries,
Les malheureux humains en proie à des Furies,
Aux supplices divers à jamais condamnés,
De flammes, de bourreaux, d'horreur environnés :
Tels, et plus effrayants, dans ces moments funestes,
Parurent, Magdebourg, tes déplorables restes;
Plus d'habitants, de murs, de temples ni d'abris,
La flamme dans les airs éclairait tes débris.
Et de cette cité, jadis si florissante,
Que les arts et la paix rendirent si brillante,
Après l'affreux malheur en cette nuit souffert,
De cette ville immense il restait un désert
Où le soldat cruel, fatigué du carnage,
S'applaudissait encor du meurtre et du pillage;
Et l'Elbe, en s'enfuyant de ces lieux détestés,
Couvrait de corps sanglants ses bords épouvantés.
Tilly fut-il heureux en prenant cette ville?
La flamme le priva d'une conquête utile;
Magdebourg n'était plus qu'un tombeau plein d'horreur,
Qui, mettant au grand jour l'excès de sa fureur,
En lui représentant tant d'images funestes,
Semblait le menacer des vengeances célestes.