<243>Un compas dans la maina j'aperçois Uranie,
Qui, mesurant la terre et sa forme aplatie,
Nous dépeint en petit, par ses crayons diserts,
Les différents États que contient l'univers;
Chaque point sur la terre a son ordre et sa place,
D'un hémisphère à l'autre elle a marqué la trace.
Sansonb avec Vauban, ses dignes favoris,
Des novices guerriers cultivent les esprits;
Elle leur montre à tous, dans des cartes guerrières,
Les pays, les cités, les monts et les rivières,
Les forts que l'on doit prendre et ceux qu'on doit laisser,
Les chemins reconnus qu'un corps peut traverser.
Plus loin, c'est Calliope : en caressant la Gloire,
Des rois et des héros elle conte l'histoire;
Ses jeunes auditeurs, attentifs à sa voix,
S'échauffent au récit de leurs nobles exploits,
Et la Muse, en traitant des matières si hautes,
Leur montre à profiter des succès et des fautes.
Voyez-vous la Morale à l'air majestueux,
Qui chasse du parvis les cœurs présomptueux?
Elle enseigne aux guerriers, d'un ton de voix sévère,
Les devoirs de l'honneur et d'un mérite austère,
Condamne l'intérêt et la férocité,
Dans le sein des horreurs prêche l'humanité,
Étouffe dans ses mains les serpents de l'envie,
Et veut pour l'État seul qu'on prodigue sa vie.
Approchons-nous : Bellone, un glaive dans la main,
Fait tourner sur ses gonds cette porte d'airain
Qui cache pour jamais à tout guerrier vulgaire
Les secrets que le dieu renferme au sanctuaire,
Connus des favoris qu'il place à ses côtés.
Dans le fond de ce temple, entouré de clartés,
Sur un trône éclatant, de grandeur infinie,
Soutenu dans les airs des ailes du génie,


a A la main. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 384.)

b Nicolas Sanson, né à Abbeville en 1600 et mort en 1667, était, avant Guillaume Delisle, le plus renommé des géographes français.