<142>Républicain zélé, commerçant pacifique,
Qui, suivant les conseils d'un fripon d'écrivain,
Fit la guerre à la France et Nassau souverain.
A Cologne vivait un fripier de nouvelles,
Singe de l'Arétin,a grand faiseur de libelles.
Sa plume était vendue, et ses écrits mordants
Lançaient contre Louis leurs traits impertinents;
Deux fois tous les sept jours pour lui roulait la presse.
Et ses feuillets, notés par sa scélératesse,
Décorés des vains noms de foi, de liberté,
Étaient lus du Batave avec avidité.
De ce poison grossier le succès fut rapide,
Le peuple et les régents suivant leur nouveau guide,
Ces bons marchands, heureux dans le sein de la paix,
Publièrent la guerre en haine des Français.
Si George de leurs bras fortifia sa ligue,b
Il ne dut ce secours qu'au pouvoir de Rodrigue.c
Ainsi d'un scélérat le vain raisonnement
Devient l'opinion du vulgaire ignorant;
Plein de ses préjugés, il donne son suffrage,
Il approuve, il condamne, il loue, il vous outrage,
Il veut apprécier les grands et les héros,
Sans les avoir connus il reprend leurs défauts.
Quand Mars au front sanglant, par sa funeste escorte,
Du palais de Janus a fait ouvrir la porte,
Dès qu'on voit dans les champs déployer les drapeaux,
Les glaives meurtriers sortir de leurs fourreaux,
Sans savoir la raison de leur haine cruelle,
D'un des rois le vulgaire embrasse la querelle.
J'ai vu de nos Germains le bon sens perverti,
Plein d'un instinct aveugle, embrasser un parti,
De l'Autriche oublier l'insolent despotisme,


a Voyez t. IX, p. 54.

b Voyez t. III, p. 35.

c

Thérèse de leur bras fortifia sa ligue,
Et ne dut ce secours qu'au sermon de Rodrigue.

(Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 220.)