<109>Je n'ai pas tout dépeint, la matière est immense,
Et je laisse à Bernis sa stérile abondance.a
Mais ceci vous suffit, vous voyez les liens
Dont l'avantage égal unit les citoyens,
L'industrie en tous lieux qui s'accroît et s'exerce,
L'ouvrage encouragé par l'appât du commerce;
L'Asie et l'Amérique ont contenté nos goûts,
Nous travaillons pour eux, ils travaillent pour nous.
Méprisez-vous encor ces artisans habiles,
A vous, à leur patrie, au genre humain utiles?
Leurs occupations les rendent vertueux,
Comte, de leur bonheur devenez envieux :
Vos jours semblent plus longs que chez eux les semaines,
Les vrais plaisirs sont ceux qu'ont achetés les peines.
La paresse offre à l'homme une fausse douceur,
Le travail est pour lui la source du bonheur.


a Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile. Boileau, L'Art poétique, chant Ier. Voyez t. IV, p. 38.