<107>Un Génois, partagé d'un esprit créateur,
Amant des vérités et rempli de valeur,
Assuré des effets du pouvoir magnétique,
Fonda sur leurs vertus son projet héroïque.
Il fit sur des chantiers construire ses vaisseaux,
Les peuples de Lusus furent ses matelots,
Ses mâts vinrent d'ici, ses voiles du Batave,
Son goudron des climats où naît le Russe esclave,
Et ce nouveau Jason s'embarqua sur les mers,
Résolu de trouver un nouvel univers.
On lève l'ancre, il part, guidé par la boussole;a
Il brave tous les vents déchaînés par Éole,
Tous les flots soulevés du fougueux Océan;
Sa proue, en fendant l'eau, s'approche du couchant,
Et, ballotté longtemps entre le ciel et l'onde,
Après un long voyage il trouve un autre monde.
Ferdinand, attentif à d'aussi grands travaux,
Fait du port de Cadix partir d'autres vaisseaux;
De Dieu dans l'Amérique il veut venger la cause,
Les saints sont ennichés sur les bords du Potose,
Les Incas détrônés sont livrés à la mort.
Ainsi l'espoir du gain, l'ardente soif de l'or
Apprit aux Espagnols secourus par Neptune
Sur des bords étrangers à chercher la fortune.
Cortez, le fier Cortez, avec peu de soldats,
Dompta Montézuma, subjugua ses États.
L'Africain consternéa voit, rempli d'épouvante,
Approcher de ses bords une ville flottante,
Et huit cents Espagnols lui paraissent des dieux :
Ils portent le tonnerre, ils lui lancent leurs feux,
Des monstres inconnus, des centaures rapides
L'atteignent, en courant, de leurs traits homicides;
Tout se soumet, tout plie, on enchaîne le Roi,
Cortez aux Mexicains fait respecter sa loi.
Ces cruels conquérants, dans ces champs de leur gloire,


a Par sa boussole. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 165.)

a L'Américain troublé. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 166.)