<8> un système de politique bien lié, uniforme, et qui ne varie jamais. Lorsqu'ils firent la paix d'Utrecht, leur but était de recommencer la guerre, non tout de suite, à cause que leur réputation était perdue, que leurs finances étaient épuisées, et qu'ils n'avaient pas encore amené les événements au point de maturité qu'ils souhaitaient; mais ils n'en avaient pas moins dans l'esprit d'épier le moment où ils pourraient attaquer l'Empereur avec avantage.

Or, il régnait un préjugé dans le monde, qui portait un préjudice infini aux desseins de la France; ce préjugé désavantageux avait pour fondement une ancienne erreur qui, s'étant perpétuée, n'en acquérait que plus de poids : on se disait tout bas à l'oreille que la France aspirait à la monarchie universelle; en quoi cependant on lui faisait grand tort. Cette seule idée avait arrêté tous les magnifiques projets de Louis XIV, et n'avait pas peu contribué à rabaisser sa puissance; il fallait nécessairement déraciner un préjugé si pernicieux, et en effacer jusqu'à la mémoire.

La fortune qui préside au bonheur de la France, ou, pour parler selon le style des prêtres, l'ange gardien qui veille à son agrandissement, contribua à détruire une opinion si préjudiciable aux intérêts de la France.

Louis XIV, dont l'ambition avait si souvent fait trembler l'Europe, après avoir éprouvé sur la fin de son règne les révolutions de la fortune, termina sa glorieuse carrière. L'empire tomba en tutelle, et le gouvernement se ressentit de la faiblesse de son monarque et de tous les malheurs inséparablement attachés aux minorités. Le duc régent, prince éclairé, et qui, avec toutes les qualités qui font les charmes de la société et la fortune des particuliers, n'avait pas assez de cette fermeté absolument nécessaire à ceux auxquels le gouvernement des empires est confié, embrouilla les affaires intérieures du royaume par ces fameuses actions qui ruinèrent presque tous les particuliers, dont l'argent n'entra que dans les caisses du Roi et dans celles de quelques