<4> chaque prince, les sources des événements; il ne donne rien au hasard; son esprit transcendant prévoit l'avenir, et pénètre par l'enchaînement des causes jusque dans les siècles les plus reculés; en un mot, il est de la prudence de tout connaître, pour pouvoir tout juger et tout prévenir.

Vu l'état léthargique de plusieurs princes de l'Europe, j'ai cru qu'il ne serait pas hors de propos de faire un exposé de la situation présente où se trouve ce corps politique, non point que j'aie la présomption de me croire plus éclairé qu'une infinité de ministres dont les vastes connaissances et la longue routine des affaires me paraîtront toujours respectables et infiniment supérieures à mes faibles lumières, mais simplement pour communiquer mes idées au public, et lui faire part de mes pensées. Si mes raisonnements se trouvent justes, on en pourra profiter, et voilà tout ce que je demande; s'ils se trouvent peu conséquents et faux, on n'a qu'à les rejeter : du moins me serai-je amusé en les faisant.

Pour avoir une idée juste de ce qui se passe à présent en Europe, il faudra prendre les choses de plus haut, et remonter jusqu'à la source des affaires.

A la fin de la campagne de l'année 1735, les négociations entre les cours de Vienne et de Versailles prirent leur commencement; les opérations de guerre furent suspendues, et les intérêts des deux cours, au lieu d'être décidés par l'épée, le furent par la plume. Ni l'Espagne ni le roi de Sardaigne n'accédèrent d'abord à cette négociation, et il est à remarquer que ce ne fut qu'après la chute du sieur Chauvelin que l'Espagne y souscrivit.

La guerre s'était faite d'une manière beaucoup moins vive au Rhin qu'on ne la faisait en Italie. L'Empereur avait, pour ainsi dire, extorqué la déclaration de guerre faite par les états de l'Empire, en l'année 1733, à Ratisbonne; l'élection de Pologne, troublée par les troupes campées sur les confins de la Silésie et prêtes à entrer dans