<95> était possible d'y parvenir, parce qu'il restait, après tout ce qui s'était entrepris, des terrains moins étendus à défricher, et qui pouvaient suppléer au reste.

Le gouvernement, qui se proposait de perfectionner tout ce qu'il y avait de défectueux dans les anciens usages, examinant avec attention les différentes parties de l'économie rurale, trouva qu'en général tout ce qu'on appelle communes, portait préjudice au bien public; ce ne fut qu'après la séparation des communes que l'agriculture des Anglais commença à prospérer. Tout gouvernement monarchique qui imite les usages introduits dans les républiques, ne mérite pas d'être accusé de despotisme. On imita donc un aussi louable exemple; on envoya des commissaires de justice et d'économie pour séparer aussi bien les pâturages que les arpents qui étaient, ou mêlés, ou en commun. Dans les commencements, ce projet rencontra de grandes difficultés, parce que la coutume, reine de ce monde, règne impérieusement sur des esprits bornés; mais quelques exemples de pareils partages exécutés à la satisfaction des propriétaires firent impression sur le public, et bientôt cela fut introduit généralement dans toutes les provinces.

Dans une partie du Brandebourg et de la Poméranie sont des terrains élevés, éloignés des rivières et des ruisseaux, qui par conséquent manquent des pâturages et des engrais nécessaires pour la culture des champs. Ce défaut tenait plus au local qu'au manque d'industrie des propriétaires; et quoiqu'il ne soit pas donné aux hommes de changer la nature des choses, on voulut tenter quelques essais, pour apprendre par l'expérience ce qui serait faisable, ou ce qui ne pourrait pas réussir. Pour cet effet, on eut recours à un fermier anglais, par le moyen duquel on fit un essai dans un des bailliages de la couronne. Sa méthode était de planter dans des champs sablonneux des navets qu'on nomme turnips en anglais; il les laissait pour-