<215> d'alors réfutèrent vivement les arguments que les ministres de Saxe déduisaient de ce droit, que ceux d'Autriche persévérèrent constamment à trouver invalide et inadmissible. Or, se peut-il qu'un droit soit mauvais en un temps, et devienne bon dans un autre? J'avoue à Votre Majesté Impériale qu'il me paraît que cela implique contradiction. Votre Majesté Impériale ajoute dans sa lettre, à l'égard du prince de Deux-Ponts, qu'on pourrait s'accommoder avec lui à la mort de l'électeur de Bavière; elle m'enhardit assez pour que j'ajoute, Et pourquoi pas à présent? Car effectivement ce serait conserver les germes de nouveaux troubles et de nouvelles divisions, quand rien n'empêche de les prévenir dès à présent. Qu'elle ne trouve pas mauvais que j'ajoute encore un mot à l'égard de l'électeur de Saxe, qu'on veut assigner à l'Électeur palatin : mais il faudrait donc achever de dépouiller ce dernier, si l'on voulait satisfaire l'autre. Ne trouverait-on donc pas d'autres expédients pour le contenter? Je crois que la chose en vaudrait la peine; il faudrait les articuler, ces expédients; ils serviraient de points fixes sur lesquels on pourrait négocier.

Enfin, Sire, puisque Votre Majesté Impériale m'enhardit, puisqu'elle souffre qu'on lui dise la vérité, puisqu'elle est si digne de l'entendre, elle ne désapprouvera pas qu'en lui ouvrant mon cœur, je jette en avant quelques idées qui peuvent servir de matière de conciliation. Je crois toutefois qu'une discussion de cette nature exige d'être traitée par des ministres. C'est à elle à décider si elle veut charger de ses ordres à ce sujet le comte de Cobenzl, ou qui elle jugera à propos de nommer, pour accélérer un ouvrage aussi avantageux à l'humanité. Je confesse que c'est un chaos difficile à débrouiller; mais les difficultés doivent plutôt encourager que rebuter. Si on ne peut les vaincre, l'humanité exige au moins qu'on l'essaye, et si l'on veut sincèrement la paix, il faut la cimenter d'une façon durable. Que Votre Majesté soit persuadée que, d'ailleurs, je ne confonds jamais les affaires et sa personne. Elle a la bonté de me badiner. Non, Sire, vous n'avez pas