<194>sie se mêlaient, il aurait affaire à forte partie. Il se promettait qu'en déguisant son obstination, il pourrait parvenir à son but également, surtout s'il ne paraissait point agir lui-même, et qu'il mît quelqu'un en avant qu'il pût faire agir et mouvoir à sa volonté. Son choix s'arrêta sur l'Électeur palatin, qui, ainsi que ses ministres, était entièrement dévoué à la cour impériale. Mais cette nouvelle ruse se découvrit bientôt.

Dès que les ministres ouvrirent leurs conférences à Teschen, le comte Cobenzl acquiesça purement et simplement au plan de pacification proposé par la France; il ne fit aucune difficulté, et parut aussi content qu'on pouvait le désirer. On croyait que cet ouvrage serait promptement terminé, lorsque le prince Repnin reçut un courrier de la part de M. d'Assebourg,a ministre de l'impératrice de Russie à Ratisbonne, lequel lui mandait que l'Électeur palatin lui avait déclaré qu'il ne pouvait ni ne voulait donner aucune satisfaction à l'électeur de Saxe, et qu'il aimait mieux s'en tenir à son traité précédent, fait avec la cour de Vienne, que de soumettre la discussion de ses intérêts aux décisions du congrès de Teschen. Il est vrai que l'Électeur palatin joua gauchement le rôle que l'Empereur lui avait épelé. M. de Breteuil et le prince Repnin pénétrèrent sans peine le véritable auteur de cette nouvelle manigance; ils prirent tous deux le haut ton, et s'armant de toute la dignité convenable à des plénipotentiaires d'aussi grandes puissances, ils déclarèrent que toutes les parties contractantes ayant déjà adopté le plan de pacification qui leur avait été proposé, ils con-


a Il y a ici une légère inexactitude, que nous rectifions d'après des recherches dans les archives de l'État; elle est dans les noms plutôt que dans la chose même. L'Électeur palatin, obéissant à l'impulsion du baron de Lehrbach, envoyé d'Autriche à sa cour, déclara qu'il ne voulait pas donner à l'électeur de Saxe plus d'un million de florins de dédommagement. Ce fut le baron de Breteuil qui communiqua cette nouvelle au prince Repnin, le 15 mars 1779, et ces deux ambassadeurs des puissances médiatrices firent tous leurs efforts pour que le baron Lehrbach reçût des instructions qui le fissent agir dans le sens des déclarations pacifiques du comte Cobenzl. Le baron Riedesel manda tout cela au Roi à Breslau, par sa lettre du 16.