<17> vif de la grossièreté insolente dont les Polonais usaient envers elle, prit la résolution de soutenir la cause des dissidents à force ouverte; tout de suite elle invita le Roi à coopérer de sa part aux mesures qu'elle voulait prendre; à quoi ce prince était déjà engagé en vertu de son traité d'alliance.

Pendant toutes ces agitations de la Pologne, on concluta le mariage du prince de Prusse avec la princesse Élisabeth, quatrième fille du duc de Brunswic. La succession ne roulait que sur quatre têtes : le prince de Prusse, le prince Henri; ce dernier, plein de talents, promettait infiniment plus que son frère, mais il fut enlevé par la petite vérole peu de temps après;b le prince Henri, frère du Roi, ainsi que le prince Ferdinand, n'avait alors aucun successeur mâle.

Mais revenons à la Pologne, dont nous nous sommes écarté. Le despotisme avec lequel la cour de Pétersbourg agissait dans cette république, révoltait les Sarmates, ainsi qu'une partie de l'Europe, contre la Russie. La cour de Vienne avait peine à cacher sa jalousie et son mécontentement. La France, qui conservait encore des restes de cet esprit de grandeur qui s'était tant manifesté du temps de Louis XIV, avait peine à digérer qu'il arrivât un grand événement en Europe auquel elle n'eût aucune part. Le duc de Choiseul, qui jouissait de la puissance royale sans en avoir le titre, était l'homme le plus inquiet et le moins endurant qui fût jamais né en France. Il envisageait l'élection d'un roi de Pologne sans le concours de son maître comme une avanie pour le royaume. Pour venger cet affront idéal, il aurait incessamment engagé la France dans une nouvelle guerre, s'il n'avait été retenu par l'épuisement des finances, et par l'éloignement de Louis XV pour s'engager en de pareilles entreprises. Il se dédommageait de l'impuissance d'agir dans laquelle il était, en


a Le 14 juillet 1765.

b Le 26 mai 1767; voyez t. V, p. 83. On peut consulter aussi l'Éloge du prince Henri de Prusse, dans le septième volume.