<136> toutes les terres qui se trouvent au delà de la rive droite du Bug, la ville de Casimir, et encore quelques autres morceaux qu'elle possédait.

Le prince Henri arriva donc à Pétersbourg dans des conjonctures aussi singulières que fâcheuses. Il avait à combattre les Français, les Espagnols et les Autrichiens. A peine avait-il été reçu de l'Impératrice, que la grande-duchesse mouruta en accouchant d'un enfant mort. Le prince, qui se trouva présent à cette scène, assista l'Impératrice dans cette catastrophe, autant qu'il dépendait de lui; il prit un soin particulier du grand-duc, atterré par un spectacle aussi nouveau pour lui que lugubre. Le prince ne l'abandonna point, et ayant non seulement contribué à rétablir sa santé, son chef-d'œuvre fut de raccommoder entièrement la mère et le fils, dont la mésintelligence et l'inimitié, s'étant beaucoup augmentée depuis le mariage de la grande-duchesse, faisait appréhender qu'il n'en résultât des suites fâcheuses ou pour l'un ou pour l'autre. L'Impératrice fut vivement touchée du service que le prince Henri lui avait rendu, et depuis ce temps, son crédit s'augmenta de jour en jour. Il en fit bientôt un très-bon usage. L'Impératrice était intentionnée de remarier promptement son fils; le prince lui proposa la princesse de Würtemberg, petite-nièce du Roi, qui fut aussitôt agréée. Il fut, outre cela, résolu que le prince Henri mènerait le grand-duc à Berlin, où il verrait cette princesse, et où les promesses se feraient; après quoi il la ramènerait en Russie, pour que les noces se fissent à Pétersbourg.

Le prince trouva plus de difficultés pour éluder les restitutions que les Polonais exigeaient du Roi. La cour de Vienne avait donné l'exemple de ces restitutions; la Russie insistait sur ce que le Roi imitât sa conduite. Cette affaire fut donc remise à la médiation de M. de Stackelberg, ambassadeur de Russie en Pologne, et, après s'être arrangée le mieux possible, la cour de Berlin rendit à la République le


a Le 26 avril 1776.