<83>tagnes, pour moins exposer les troupes aux effets de l'artillerie autrichienne; et l'ennemi, qui descendait de ses hauteurs, dérangeait un peu les dimensions qu'on avait. M. de Zieten, qui faisait l'arrière-garde, eut à peine quitté le camp, qu'il fut continuellement harcelé dans sa route. Comme cela ralentissait sa marche, la tête de l'armée fut plus d'une fois obligée de faire halte, pour empêcher que les distances ne se perdissent, et pour que l'on fût en état de se secourir dans le besoin. Aussitôt que l'avant-garde fut à portée de Kunzendorf, on fit occuper cette hauteur par des hussards et des dragons. L'infanterie prussienne ne put pas suivre assez vite pour les soutenir. L'avant-garde du maréchal Daun parut en même temps, venant de Fürstenstein. Les hussards et les dragons, trop faibles pour soutenir ce poste important, furent obligés de l'abandonner. L'arrière-garde, qui arrêtait beaucoup la marche de l'armée du Roi, donna lieu à une nouvelle halte du côté de Schönbrunn pour lui donner le temps de rejoindre la queue des colonnes. Les généraux des ennemis, se flattant de profiter de cette occasion, attaquèrent avec trente escadrons l'infanterie prussienne; ils furent reçus à grands coups de canon mêlés de beaucoup de feu des petites armes, et rechassés ensuite par les cuirassiers de Henri et de Seydlitza jusqu'à leur ligne.

Le Roi gagna enfin le village de Bögendorf, toujours côtoyé par les Impériaux. Il porta de là son avant-garde droit sur les hauteurs de Hohengiersdorf; on fut obligé d'ouvrir un abatis que l'ennemi y avait pratiqué pour interdire ce chemin des montagnes. Le maréchal Daun, qui jugea à peu près quelle pouvait être l'intention du Roi, se mit près de Hoch-Bögendorf b sur cinq ou six lignes de profondeur, pour occuper, par un chemin qui en est proche, le plateau de Hohen-


a Le prince Henri, second fils du prince de Prusse (Auguste-Guillaume), né le 30 décembre 1747, devint chef du 2e régiment de cuirassiers après la mort de son père, à qui ce régiment avait appartenu depuis 1781 jusqu'en 1758.
     Le célèbre général de Seydlitz était chef du 8e régiment de cuirassiers. Voyez t. IV, p. 161.

b Ober-Bögendorf.