<64> position à Dallwitz. Le maréchal Daun, de son côté, craignant, après ce qui était arrivé, que s'il quittait Dresde, les Prussiens n'y missent le siége de nouveau, compassa si habilement ses marches et ses mouvements avec ceux du Roi, que les deux armées marchèrent presque toujours ensemble. Les Autrichiens prirent la grande route de Görlitz; les Prussiens les côtoyaient; ils passèrent la Röder à Koitzsch, la Sprée à Radibor,a et comme l'ennemi les avait devancés sur Reichenbach pour couper par le plus court chemin, ils passèrent près du Strömberg et du Rothkretscham. Un étranger qui aurait vu les mouvements de ces armées, aurait pu s'y tromper. Il aurait sûrement jugé qu'elles appartenaient toutes au même maître. L'armée du maréchal Daun devait lui sembler l'avant-garde de la troupe, celle des Prussiens, le corps de bataille, et la troupe de M. de Lacy, l'arrière-garde. Ce dernier, toutefois, devenu plus circonspect de crainte de quelque fâcheuse aventure, ne s'approchait des Prussiens qu'à la distance de trois milles.

Cette traversée eut son utilité; car, comme l'armée se trouvait immédiatement entre le maréchal Daun et Lacy, un aide de camp du maréchal, chargé de lettres pour ce dernier, fut pris. On trouva dans son paquet les nouvelles ultérieures de ce qui s'était passé en Silésie; on y voyait de plus les desseins que le maréchal formait pour la campagne, qu'il développait nettement, et sur lesquels il consultait M. de Lacy. Les nouvelles de la Silésie marquaient que M. Loudon avait attaqué Breslau, dont le prince Henri lui avait fait lever le siége. Cela s'était passé ainsi : S. A. R. s'était rendue à Landsberg, d'où ayant observé que les mouvements des Russes se dirigeaient tous vers la Silésie, elle quitta la Nouvelle-Marche, et se rendit par le chemin de Züllichau aux environs de Glogau, sur les informations qui lui par-


a Le 3. le Roi quitta Dallwitz, passa la Röder, et prit son quartier général à Koitzsch, village situé à plus de deux milles de ce fleuve, entre Königsbrück et Camenz; le 4, l'armée marcha jusqu'à Radibor, au nord de Bautzen, à plus d'un mille à l'ouest de la Sprée.