<58> étaient si fortes cette journée, que quatre-vingts hommes de l'armée tombèrent morts en pleine marche. Les Autrichiens firent une perte égale, et peut-être plus forte, parce que leur marche était plus longue. Cependant M. de Lacy avait eu le temps de se recueillir après le réveil qu'on lui avait donné au Keulenberg. Il avait rassemblé son monde, et se proposait de ralentir la marche du Roi en harcelant continuellement son arrière-garde. Ses coureurs, trompés dans la croyance que les Impériaux campaient à Bautzen, furent pris par les vedettes prussiennes. Cela donna l'idée de fondre vertement sur les uhlans, pour les intimider de façon à leur faire perdre l'envie d'approcher impunément de l'armée du Roi. Ils étaient postés à Salzförstchen, à un mille du camp. Deux régiments de hussards et autant de dragons furent commandés pour exécuter ce dessein. Le malheur voulut qu'ils se trouvassent au fourrage, et qu'au lieu de quatre mille chevaux, auxquels devait monter leur nombre, à peine put-on assembler quinze cents chevaux. Cela n'empêcha pas le Roi de tenter sur l'ennemi. On chargea ces uhlans, qui au premier choc perdirent quatre cents hommes; on les poursuivit chaudement jusqu'à Godau. M. de Zedmar, qui n'était pas toujours le maître de sa valeur, passa ce défilé. Le Roi fut obligé de le soutenir, parce que toute la cavalerie de Lacy, qui campait à Roth-Nauslitz, arrivait déjà par bandes; on retira cependant M. de Zedmar de ce mauvais pas. La cavalerie prussienne commençait à se replier sur Bautzen, et ce mouvement se faisait avec lenteur. Le Roi, qui appréhendait que la supériorité de l'ennemi ne lui donnât de l'avantage sur les Prussiens, fit sortir un bataillon de la garnison de Bautzen avec du canon. Cet ordre fut exécuté fort à propos; car l'ennemi commençait à pousser quelques escadrons, qui se mettaient en confusion, lorsque quelques coups de canon l'arrêtèrent; sur quoi M. de Lacy ramena sa troupe à Roth-Nauslitz, et la cavalerie prussienne rentra tranquillement dans son camp. Il fallut alors se décider sur le parti qu'on voulait choisir, ou