<27> de gagner l'Elbe pour joindre M. de Finck, afin qu'il pût tenter tous les moyens possibles pour reprendre Dresde. Le Roi, de son côté, marcha à Neustädtel, où il prévint les Russes. M. de Soltykoff en voulait à Glogau; il se proposait d'occuper les hauteurs de Baunau. Le Roi le prévint encore; les colonnes de l'armée ennemie, qui virent la place occupée, s'arrêtèrent à Beuthen, sans cependant dresser leurs tentes. Cela fit présumer qu'ils avaient intention d'attaquer les Prussiens le lendemain, et ils passèrent la nuit au bivouac. Les généraux des ennemis parurent dès la pointe du jour pour faire une reconnaissance. Le Roi avait à peine vingt mille hommes dans son camp; les troupes, à la vérité, se trouvaient bien postées, mais elles avaient deux fois été battues par les Russes, et la mémoire leur en était encore récente. Les généraux ennemis n'entrèrent pas dans ces considérations; ils se retirèrent à leur armée, et bientôt les tentes furent dressées. Le prince Henri et M. de Fouqué s'étant cotisés pour envoyer quelque renfort au Roi, ces troupes arrivèrent le lendemain de cette reconnaissance, et elles furent postées à Linkersdorf, sur les bords de l'Oder, où elles se retranchèrent. Les deux armées demeurèrent assez tranquillement dans cette situation.

Cependant le corps des Autrichiens se trouvait campé à un demi-mille de l'armée russe; on pouvait d'autant plus facilement battre ces troupes avant que M. Soltykoff pût y apporter du secours, qu'elles n'étaient point appuyées du tout; cela fit naître l'envie de l'entreprendre. Le Roi y marcha la nuit du 1er d'octobre; il y trouva le camp vide; il n'y prit que des traîneurs, qui déposèrent que la nuit même toute l'armée avait passé l'Oder à Carolath. On s'approcha de ce fleuve, où l'on entendit une canonnade très-vive; et la surprise fut extrême lorsqu'on vit que ce feu partait de l'arrière-garde des Russes, qui, à grands coups de canon, détruisait le pont sur lequel ils avaient passé le fleuve, tant ils étaient grossiers et ignorants. Par ce mouvement, la rive gauche de l'Oder était mise en sûreté; mais comme il