<130> était impossible de pénétrer leur véritable dessein : si c'était de passer l'Oder dans la Haute-Silésie ou du côté d'Ohlau, ou s'ils voulaient faire quelques siéges, en un mot, quelle pouvait être l'entreprise qu'ils méditaient. Comme on ne pouvait compter sur rien avec certitude, le Roi trouva convenable de se préparer à tout événement, et d'envoyer un corps entre Breslau et Brieg, à portée de secourir celle de ces places qui en aurait besoin et d'observer l'Oder en même temps. M. de Knobloch partit dans cette intention pour Grottkau, d'où il pouvait en peu d'heures arriver au secours de ces deux villes, et même, en cas de besoin, rejoindre l'armée du Roi.

Les Russes s'étaient avancés à Hundsfeld, qui n'est qu'à un mille de Breslau, et comme ce mouvement marquait qu'ils ne pensaient plus à passer l'Oder dans la Haute-Silésie, l'armée du Roi et le corps de M. de Zieten repassèrent la Neisse, et arrivèrent le lendemain par une marche forcée à Strehlen, pour se trouver toujours au centre des deux armées ennemies, et empêcher leur jonction autant qu'il y aurait moyen de s'y opposer. On avait flatté M. Buturlin que, par le moyen de quatre mille prisonniers autrichiens qui se trouvaient à Breslau, on surprendrait une des portes de la ville, et que si les Russes attaquaient en même temps le faubourg polonais, qui est au delà de l'Oder, ils pourraient s'emparer de cette capitale par un coup de main. M. de Czernicliew se chargea de cette entreprise : avec quelques troupes il entra dans ce faubourg, qui est ouvert; mais M. de Tauentzien,a gouverneur de la place, avait pris de si justes mesures, qu'il contint les prisonniers, et qu'il repoussa les Russes. M. de Knobloch vola à son secours. Ces deux généraux firent une sortie vigoureuse sur l'ennemi, et ils achevèrent de déloger l'ennemi du reste de ce faubourg dont il était encore en possession. Le Roi


a Bogislas-Frédéric de Tauentzien, né en 1710 dans la seigneurie de Lauenbourg, devint général-major le 1er septembre 1758, et lieutenant-général le 19 août 1760. Voyez t. III, p. 144 et 147.