<126>Pendant que ces préparatifs se faisaient en Silésie, aussi bien qu'en Poméranie et en Saxe, les Autrichiens et les Russes délibéraient ensemble. Ils eurent de la peine à s'accorder, et changèrent à différentes reprises le plan de leurs opérations; ils se réunirent enfin sur ce que M. de Romanzoff assiégerait Colberg, et que M. Buturlin marcherait droit à Breslau. Dans ces entrefaites, M. de Goltz tomba malade, et fut emporté en peu de jours par une fièvre inflammatoire. M. de Zieten, qui le remplaça, fut chargé d'un projet d'expédition en Pologne, qu'on avait déjà deux fois vainement essayé, et qui lui manqua encore; c'était d'entreprendre sur une des colonnes russes dans leur marche, et dans le temps où elles étaient trop séparées pour se joindre promptement. L'une se dirigeait sur Schneidemühl, l'autre, sur Schwerin, et la troisième, sur Posen. M. de Zieten s'avança à Fraustadt, où il battit un corps de Cosaques; mais il n'osa passer outre, à cause que, depuis deux jours, les trois divisions russes s'étaient déjà jointes à Posen. M. de Buturlin se mit ensuite en marche; il traversa le palatinat de Posnanie à petites journées, et poursuivit lentement son chemin, en s'approchant toutefois de la Silésie du côté de Militsch, ce qui indiquait ses desseins sur Breslau. M. de Zieten le côtoya, en dirigeant sa marche sur Trachenberg. Dès que les Russes se mirent en mouvement, M. O'Donnell quitta la Lusace, et vint joindre l'armée de M. de Loudon.

La position que le Roi avait prise dans les montagnes de la Silésie, n'était que précaire. Il couvrait le plat pays contre les incursions de l'ennemi, autant que les circonstances voulaient le permettre; mais depuis que M. de Buturlin prenait le chemin de Militsch, il allait avoir incessamment à dos une armée considérable, et il avait déjà les Autrichiens en front. Il fallut quitter les montagnes, et placer l'armée de façon que n'étant attachée à aucune défense particulière, elle pût se porter promptement où il serait nécessaire, pour prévenir les ennemis. Le camp de Pülzen était le plus convenable à ce projet; le Roi