<120>renées pacifiques. Elle proposa à l'Angleterre une suspension d'armes et l'envoi réciproque de ministres, pour terminer leurs différends à l'amiable. Ses vues secrètes étaient d'amuser l'Angleterre par cette négociation, pour retarder les préparatifs immenses que cette nation faisait sur mer, pour lui faire perdre cette campagne, remettre sa flotte en état, engager l'Espagne dans cette guerre; ou, si les Anglais se trouvaient dans des dispositions assez modérées pour qu'on pût conclure la paix, la France se proposait de devenir, sous le masque de médiatrice, l'arbitre du congrès d'Augsbourg, et d'y jouer un rôle semblable à celui qu'elle avait fait au congrès de la paix de Westphalie. Après quelques paroles portées de part et d'autre, le ministère britannique consentit à l'envoi réciproque des ministres, et, en même temps, déclina la conclusion de la suspension d'armes, jusqu'à ce qu'on fût convenu des préliminaires. Le Roi, qui connaissait la façon de penser de ses ennemis, nomma des ministres pour le congrès d'Augsbourg. Leur instruction portait de recevoir toutes les propositions qu'on leur ferait, sans y donner de réponse, parce que le Roi se proposait de faire négocier sérieusement sa paix par ses ministres à Londres, où il trouvait l'avantage de pouvoir convenir directement de ses intérêts avec la France, et de n'avoir point affaire en même temps avec tant de princes à la fois. Le Roi ne pouvait point, dans les circonstances où il se trouvait, s'opposer à une paix séparée des Anglais et des Français; il ne s'agissait dans cette affaire que de rendre ses conditions les meilleures qu'on le pouvait, et en conséquence on stipula que les Français seraient obligés de restituer les provinces de la domination prussienne qu'ils avaient envahies pendant cette guerre, et que l'Angleterre fournirait au Roi des subsides et des troupes, pour qu'il pût forcer les ennemis qui lui restaient à consentir à un accommodement honnête; on convint de plus qu'aucun ambassadeur de l'Empereur ne pourrait être admis à ce congrès, parce qu'on avait fait la guerre à l'Impératrice-Reine, et non pas au chef de l'Empire.