<104> des premières attaques qu'ils repoussèrent. MM. de Bülowa et de Fincka furent de ce nombre. Le Roi eut la poitrine effleurée d'un coup de feu, le margrave Charles, une contusion; plusieurs généraux furent blessés. La bataille fut opiniâtrément disputée de part et d'autre. Cet acharnement coûta vingt mille hommes aux Impériaux, dont quatre généraux et huit mille hommes furent faits prisonniers. Ils y perdirent vingt-sept drapeaux et cinquante canons. Le maréchal Daun fut blessé dès les premières attaques.

Lorsque les ennemis virent plier la première ligne des Prussiens, trop frivoles dans leurs espérances, ils dépêchèrent des courriers à Vienne et àVarsovie, pour annoncer leur victoire; mais la nuit même ils abandonnèrent le champ de bataille, et repassèrent l'Elbe à Torgau. Le lendemain au matin, Torgau se rendit à M. de Hülsen; on fit passer l'Elbe au prince de Würtemberg; il poursuivit l'ennemi, qui fuyait en désordre, et augmenta encore le nombre des prisonniers qu'on avait déjà faits dans l'action; et les Impériaux auraient été totalement défaits, si M. de Beck, qui n'avait point combattu la veille, n'eût couvert leur retraite en postant son corps entre Arzberg et Triestewitz, derrière le Landgraben. Il ne dépendait que du maréchal Daun d'éviter cette bataille. Si, au lieu de placer M. de Lacy derrière les étangs de Torgau, que six bataillons auraient défendus de reste, il l'eût posté derrière le défilé de Neiden, il aurait été inexpugnable dans son camp; tant les moindres inadvertances dans ce métier difficile tirent à conséquence et deviennent importantes.

Dès que les Russes furent informés de la manière dont la fortune avait décidé du sort des Autrichiens et des Prussiens à Torgau, ils se retirèrent à Thorn, où ils repassèrent la Vistule. L'armée du Roi s'avança le 5 à Strehla, et le 6 à Meissen. Les Impériaux avaient laissé


a Le lieutenant-général de Bülow a déjà été mentionné ci-dessus, p. 101.
     Le comte Frédéric-Louis Finck de Finckenstein, lieutenant-général de cavalerie, né en 1709, était le frère aîné du ministre de Cabinet mentionné t. III, p. 17.