REPONSE DU ROI DE PRUSSE.

Sedlitz, le 12 septembre 1756.

Que Votre Majesté se ressouvienne de ma lettre d'hier, où j'ai dit qu'il est non seulement très-dangereux, mais même presque impossible d'entrer par la Saxe en Bohême, et de laisser une armée arrière moi. S'il ne s'agissait simplement que de marques de complaisance, il n'en est point dont je me dispenserais de lui témoigner; mais il<279> s'agit ici de la sûreté et de la conservation d'un pays dont je suis roi, et c'est justement ce qui me force à ne pas quitter la Saxe jusqu'à ce que je sois parfaitement convaincu que je ne laisse rien en arrière qui puisse me donner dans la suite occasion de m'en repentir. Mon avant-garde est déjà en Bohême, elle est suivie d'un corps considérable; et s'il plaît à Votre Majesté d'envoyer un de ses officiers, quel qu'il soit, je lui montrerai la position de mes troupes. Je n'ai pas sujet de me hâter, et je verrai si ma patience à attendre ou bien si d'autres moyens et mesures pourront décider ce qui regarde ma situation présente.

Quelle qu'en soit l'issue, Votre Majesté me trouvera toujours inaltérable dans les sentiments que j'ai pour elle, pour sa famille royale et pour tous ceux qui lui appartiennent.