<VIII> l'on se campe mal, on s'expose aux plus grands risques; au lieu qu'en trouvant des campements reconnus bons par l'expérience, on va plus à jeu sûr, et l'on y procède plus méthodiquement.

J'observerai cependant que les camps sont bons ou mauvais relativement aux circonstances : par exemple, celui de Torgau est admirable quand vous avez soixante-dix mille hommes pour le remplir; il est défectueux si vous n'en avez que trente mille, et l'ennemi soixante mille, parce qu'il vous étend trop; il vous affaiblit par conséquent, et l'ennemi, s'il veut, pourra percer d'un côté ou de l'autre à l'endroit que vous aurez le moins garni. Un camp est comme un vêtement : il ne doit être ni trop large ni trop étroit pour celui qui le porte. Cependant, s'il faut choisir, il vaut mieux avoir du monde de reste qu'on ne peut placer, que d'en avoir trop peu. Il est d'autres camps qui couvrent une partie du terrain, mais qui deviennent vicieux si l'ennemi, par ses mouvements, change de direction : par exemple, le camp de Landeshut, tout admirable qu'il est pour couvrir la Basse-Silésie, devient mauvais et d'aucune défense aussitôt que les Impériaux tiennent Glatz et Wartha, parce qu'ils le tournent tout à fait. Dans des cas semblables, le jugement doit dicter le parti qu'on