<9> qu'elle avait perdu par les provinces cédées au roi de Prusse et au roi de Sardaigne, mais elle augmenta encore considérablement ses revenus. Le comte Haugwitz devint contrôleur général de ses finances; sous son administration les revenus de l'Impératrice montèrent à trente-six millions de florins ou vingt-quatre millions d'écus. L'empereur Charles VI son père, possesseur du royaume de Naples, de la Servie et de la Silésie, n'en avait pas eu autant. L'Empereur son époux, qui n'osait se mêler des affaires du gouvernement, se jeta dans celles du négoce : il ménageait tous les ans de grosses sommes de ses revenus de Toscane, qu'il faisait valoir dans le commerce; il établissait des manufactures; il prêtait à gages; il entreprit la livraison des uniformes, des armes, des chevaux et des habits d'ordonnance pour toute l'armée impériale; associé avec un comte Bolza et un marchand nommé Schimmelmann, il avait pris à ferme les douanes de la Saxe, et en l'année 1756 il livra même le fourrage et la farine à l'armée du Roi, tout en guerre qu'il était avec l'Impératrice son épouse. Durant la guerre, l'Empereur avançait des sommes considérables à cette princesse sur de bons nantissements : il était, en un mot, le banquier de la cour; et en qualité de roi de Jérusalem qu'il porte, il se conformait à l'usage immémorial de la nation judaïque.

L'Impératrice avait senti dans les guerres précédentes la nécessité de mieux discipliner son armée : elle choisit des généraux laborieux, et capables d'introduire la discipline dans ses troupes; de vieux officiers, peu propres aux emplois qu'ils occupaient, furent renvoyés avec des pensions, et remplacés par de jeunes gens de condition pleins d'ardeur et d'amour pour le métier de la guerre. On formait toutes les années des camps dans les provinces, où les troupes étaient exercées par des commissaires-inspecteurs instruits et formés aux grandes manœuvres de la guerre; l'Impératrice se rendit elle-même à différentes reprises dans les camps de Prague et d'Olmütz, pour