<6> quelques régiments dont les cantons étaient les plus peuplés, le nombre des surnuméraires par compagnie à trente-six hommes, et les moindres en avaient vingt-quatre; et quoiqu'on ne fît aucune nouvelle levée, le nombre de ces surnuméraires faisait sur le total de l'armée une augmentation de dix mille combattants. Tous les bataillons, tous les régiments de cavalerie avaient à leur tête de vieux commandeurs, officiers éprouvés, pleins de valeur et de mérite. Le corps des capitaines étaient des hommes mûrs, solides, et braves. Les subalternes étaient choisis; on en trouvait beaucoup remplis de capacité, et dignes d'être élevés à des grades supérieurs : en un mot, l'application et l'émulation qu'il y avait dans cette armée, étaient admirables. Il n'en était pas de même des généraux, quoiqu'il y en eût quelques-uns d'un grand mérite; le grand nombre avait, avec beaucoup de valeur, beaucoup d'indolence. On suivait l'ordre du tableau pour l'avancement, de sorte que l'ancienneté du service, et non les talents, décidait de la fortune. Cet abus était ancien; il n'avait porté aucun préjudice dans les guerres précédentes, parce que le Roi, n'agissant qu'avec une armée, n'avait pas besoin de faire beaucoup de détachements, et que les troupes et les généraux autrichiens auxquels il eut affaire, n'étaient que médiocres, et avaient entièrement négligé la tactique. Le Roi fit une bonne acquisition en attirant de Russie le maréchal Keith à son service.a C'était un homme doux dans le commerce, plein de vertus et de mœurs, rempli de connaissances de son métier, et qui, avec la plus grande politesse, était d'une valeur héroïque dans un jour de combat. Le corps de l'artillerie avait été augmenté. Le Roi le porta à trois bataillons, dont le dernier était destiné pour les garnisons. Il était bien exercé et en bon état, mais trop peu nombreux pour la profusion d'artillerie et de bouches à feu


a Keith arriva à Berlin le 16 septembre 1747; le 18, il fut nommé feld-maréchal. Voyez t. II, p. 25.